Comment le jeu vidéo devient un art de la narration

Le jeu vidéo et la narration
Source : Unsplash

Le jeu vidéo est souvent considéré comme un simple divertissement, un moyen de se détendre ou de se défouler. Pourtant, derrière les graphismes, les sons et les mécaniques de jeu, se cache parfois une véritable œuvre narrative, capable de raconter des histoires passionnantes, émouvantes ou réflexives. Comment le jeu vidéo peut-il devenir un art de la narration ? Quelles sont les techniques et les enjeux du design narratif ? Quels sont les exemples de jeux qui ont marqué l’histoire du média par leur narration ?

La structure : comment raconter une histoire avec des règles de jeu ?

La première difficulté à laquelle sont confrontés les créateurs de jeux vidéo est de concilier la narration et le gameplay, c’est-à-dire l’ensemble des règles et des actions qui définissent le jeu. En effet, le jeu vidéo est un média interactif, qui demande au joueur ou à la joueuse de participer activement à l’histoire, en faisant des choix, en résolvant des énigmes, en combattant des ennemis, etc. Or, ces actions peuvent entrer en conflit avec la logique ou la cohérence du récit, ou encore rompre le rythme ou la tension dramatique. Comment faire pour que le jeu et l’histoire se renforcent mutuellement, plutôt que de se nuire ?

Voici une vidéo relatant ces faits :

Il existe différentes manières d’aborder la structure narrative d’un jeu vidéo. L’une des plus courantes est de découper le jeu en séquences alternant entre des moments d’action, où le joueur ou la joueuse a le contrôle, et des moments de cinématiques ou de dialogues, où les narrateurs ou les narratrices reprennent la main pour orienter l’histoire. C’est le cas par exemple des jeux d’aventure comme Uncharted ou Tomb Raider, qui s’inspirent du cinéma d’action pour créer des scènes spectaculaires et captivantes. Mais cette technique peut aussi créer une rupture entre le jeu et l’histoire, en donnant l’impression au joueur ou à la joueuse d’être passif ou passive pendant les cinématiques, ou de ne pas avoir d’influence sur le déroulement du récit.

D’autres jeux optent pour une structure plus intégrée, où le gameplay et la narration sont indissociables. C’est le cas par exemple des jeux narratifs ou des jeux à choix multiples, qui proposent au joueur ou à la joueuse de prendre des décisions qui auront un impact sur l’histoire et sur les personnages. Ces jeux exploitent la spécificité du média vidéoludique, qui est de pouvoir offrir des histoires non linéaires, avec des embranchements narratifs et des fins multiples. C’est le cas par exemple des jeux du studio Quantic Dream, comme Heavy Rain ou Detroit: Become Human, qui mettent en scène des scénarios complexes et variables selon les actions du joueur ou de la joueuse.

L’interactivité : comment impliquer le joueur ou la joueuse dans l’histoire ?

La deuxième spécificité du jeu vidéo est son interactivité, c’est-à-dire sa capacité à réagir aux actions du joueur ou de la joueuse. L’interactivité est un élément clé pour créer une narration immersive et engageante, qui fait du joueur ou de la joueuse un acteur ou une actrice du récit, et non pas un simple spectateur ou une simple spectatrice. L’interactivité permet aussi au jeu vidéo de proposer des expériences narratives personnalisées et uniques, qui varient selon les choix et les préférences du joueur ou de la joueuse.

L’interactivité peut se manifester de différentes manières dans un jeu vidéo. Elle peut être directe, lorsque le joueur ou la joueuse agit sur l’histoire par le biais d’un système de choix, qui lui permet de sélectionner des options de dialogue, des actions ou des attitudes. C’est le cas par exemple des jeux de rôle, comme Mass Effect ou The Witcher, qui proposent au joueur ou à la joueuse de créer son propre personnage et de le faire évoluer dans un univers riche et complexe, où ses décisions auront des conséquences sur le scénario et sur les relations avec les autres personnages.

L’interactivité peut aussi être indirecte, lorsque le joueur ou la joueuse influence l’histoire par le biais de son comportement, de ses actions ou de ses réactions. C’est le cas par exemple des jeux dits « émotionnels », qui cherchent à créer un lien affectif entre le joueur ou la joueuse et les personnages du jeu, en utilisant des mécaniques de jeu qui sollicitent l’empathie, la compassion ou la culpabilité. C’est le cas par exemple du jeu Brothers: A Tale of Two Sons, qui raconte l’histoire de deux frères qui partent à la recherche d’un remède pour sauver leur père mourant. Le jeu utilise une manette à deux joysticks, qui permet au joueur ou à la joueuse de contrôler les deux frères simultanément, créant ainsi un sentiment d’attachement et de complicité entre eux.

L’immersion : comment faire vivre le joueur ou la joueuse dans l’univers du jeu ?

La troisième caractéristique du jeu vidéo est son immersion, c’est-à-dire sa capacité à faire oublier au joueur ou à la joueuse qu’il ou elle est en train de jouer, et à le ou la faire entrer dans l’univers du jeu. L’immersion est un facteur essentiel pour créer une narration crédible et captivante, qui fait du joueur ou de la joueuse un témoin ou un protagoniste du récit, et non pas un simple manipulateur ou une simple manipulatrice d’un objet ludique. L’immersion permet aussi au jeu vidéo de proposer des expériences narratives intenses et marquantes, qui touchent le joueur ou la joueuse au plus profond de lui-même ou d’elle-même.

L’immersion peut se créer de différentes façons dans un jeu vidéo. Elle peut être visuelle, lorsque le jeu utilise des graphismes réalistes ou stylisés, qui créent une atmosphère et une esthétique propres à l’univers du jeu. C’est le cas par exemple des jeux d’horreur, comme Resident Evil ou Silent Hill, qui utilisent des effets de lumière, de son et de caméra pour créer une ambiance angoissante et oppressante. Elle peut aussi être sonore, lorsque le jeu utilise des musiques, des bruitages ou des voix, qui renforcent l’immersion et l’émotion du joueur ou de la joueuse. C’est le cas par exemple des jeux musicaux, comme Guitar Hero ou Rock Band, qui utilisent des chansons célèbres pour faire vivre au joueur ou à la joueuse une expérience de rock star.

L’immersion peut également être narrative, lorsque le jeu utilise des éléments scénaristiques, des dialogues ou des documents, qui enrichissent l’univers du jeu et son histoire. C’est le cas par exemple des jeux d’enquête, comme L.A. Noire ou Sherlock Holmes: Crimes and Punishments, qui utilisent des indices, des témoignages ou des preuves pour faire avancer le récit et résoudre les mystères. Elle peut enfin être ludique, lorsque le jeu utilise des mécaniques de jeu, des défis ou des récompenses, qui motivent le joueur ou la joueuse à progresser dans le jeu et à s’impliquer dans l’histoire. C’est le cas par exemple des jeux de stratégie, comme Civilization ou Age of Empires, qui utilisent des systèmes de gestion, de combat ou d’exploration pour faire vivre au joueur ou à la joueuse une expérience historique et géopolitique.

Laura M.

Gameuse jusqu'au bout des doigts, je kiffe passer mes soirées sur un nouvel MMO, j'y ai mes potes, mes ennemies ... ma vie en somme :)

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