Les jeunes sont-ils plus agressifs avec les jeux vidéo violents ?
L’idée reçue selon laquelle les jeux vidéo violents rendraient les jeunes plus agressifs est tenace. Pourtant, les études scientifiques ne permettent pas d’établir un lien de causalité direct entre le fait de jouer à ce type de jeux et un comportement violent dans la vie réelle. Déconstruisons ensemble ce mythe persistant.
Des effets à court terme mais pas de lien avec la violence réelle
Plusieurs études ont montré que les jeux vidéo violents pouvaient avoir un impact à court terme sur l’agressivité des joueurs, en stimulant leurs pensées et leurs émotions négatives. Cependant, ces effets restent limités dans le temps et ne se traduisent pas nécessairement par des actes de violence physique.
Comme l’explique le psychologue Christopher Ferguson de l’Université Stetson, « la violence dans les jeux vidéo ne conduit pas à des comportements agressifs dans la vraie vie. Les gens qui jouent à des jeux violents ne sont pas plus susceptibles de commettre des actes violents que ceux qui n’y jouent pas ».
Plusieurs facteurs entrent en jeu
Lorsqu’un jeune devient violent, ce n’est jamais à cause d’un seul facteur mais de la combinaison de plusieurs éléments :
- Des prédispositions individuelles (santé mentale, tempérament…)
- Un environnement familial difficile (violences, négligence…)
- Des problèmes sociaux (isolement, discrimination…)
- Des représentations médiatiques de la violence
Les jeux vidéo violents peuvent être un facteur de risque supplémentaire chez des jeunes déjà fragilisés, mais ils n’expliquent pas à eux seuls les passages à l’acte. D’autres éléments du contexte de vie sont déterminants.
Jouer pour se défouler et se détendre
Paradoxalement, les jeux vidéo violents peuvent aussi avoir un effet cathartique et permettre de se défouler de manière fictive, sans passer à l’acte dans la réalité. Ils offrent un exutoire pour évacuer sa frustration et son agressivité de manière ludique et sans conséquence.
De plus, le fait de gagner des points et de progresser dans le jeu booste l’estime de soi et le sentiment de compétence. Cela peut même contribuer à réduire l’agressivité chez certains jeunes en mal-être, en leur donnant confiance en eux.
Protéger les plus jeunes sans diaboliser les jeux
Plutôt que de diaboliser les jeux vidéo violents, mieux vaut adopter une approche nuancée et adaptée à l’âge des joueurs. Les enfants en bas âge doivent être protégés de ces contenus, qui peuvent être perturbants pour leur développement.
Mais pour les adolescents, un dialogue ouvert sur le sujet est préférable à une interdiction pure et simple. Il s’agit de les aider à prendre du recul, à comprendre la différence entre le virtuel et le réel, et à développer leur esprit critique face aux représentations médiatiques.
En parallèle, il est essentiel de s’attaquer aux autres facteurs de risque, en repérant précocement les jeunes en souffrance et en leur apportant un soutien psychologique et social adapté. Car la violence ne se résume pas à un simple jeu.
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